J’observe depuis plusieurs années, avec attention, les parcours et les situations professionnelles des gens qui m’entourent. Ceci m’amène souvent à deux constats :

  1. Les gens que je connais (dans leur immense majorité), exercent des professions qu’ils n’aiment pas particulièrement.
  2. Ils aimeraient tous changer de métier mais pensent qu’il est trop tard et qu’il n’y a plus grand chose à faire.

Dans cet article, je vous propose de voir qu’il n’en est rien de ce fatalisme, et que lorsqu’on veut on peut. Notre vie n’est pas figée, irréversible et définitive, tout peut changer.

Laissez moi tout d’abord vous parler de deux personnes que je connais personnellement :

Un frère (que je vais nommer A), ingénieur de formation, qui, juste après sa sortie de l’école d’ingénieurs, s’est retrouvé dans une situation financière qui l’a obligé à accepter le premier travail qu’on lui a proposé. Bien sûr, il s’était dit : “je ne vais pas finir ma vie comme ça, c’est juste temporaire, le temps de m’en sortir un peu financièrement et je me dirige vers ce pour quoi j’ai été formé”. Quelques mois plus tard, il s’est marié, avait donc encore plus besoin d’argent, et a naturellement continué à occuper son  travail actuel le temps de trouver mieux. Je vous passe les détails, 15 ans plus tard, il est toujours ouvrier dans la même usine, à faire les 3 postes (6-14 ; 14-22 et 22-6).

Lorsque je lui ai demandé pour la première fois, soubhanallah !!!!!!!!!! pourquoi un tel gâchis ? pourquoi enterrer un pareil potentiel ? Savez-vous ce qu’il m’a répondu ? : “Qu’est ce tu veux ? on m’avait proposé un CDI (contrat à durée indéterminée), avec la femme et les enfants qui sont arrivés je ne pouvais pas refuser, et puis à un moment donné t’arrêtes de chercher dans ton domaine parce que personne ne voudra d’un ingénieur qui a passé les 3 premières années de sa carrière professionnelle en tant qu’ouvrier, et puis, avec l’âge t’as plus trop envie de tenter quoi que ce soit”.

Et puis il y a :

Un des profs que j’ai eus à la fac (que je vais nommer B), il a obtenu son Bac littéraire avec lequel il n’a rien fait, pas motivé pour les études, il est parti travailler dans le bâtiment en tant qu’ouvrier de chantier. Il a fait ça pendant 5 ans. Un jour il s’est regardé dans une glace et s’est dit : ” écoute moi mon grand, soit tu vas te motiver pour faire quelque chose de mieux de ta vie, soit tu vas finir ta vie sur un chantier pour te casser le dos à 35 ans”. A 23 ans, il s’inscrit en première année de Psychologie. Il devient psychologue à 28 ans, travaille en tant que “chasseur de têtes” pour des cabinets de recrutement pendant 2 ans. A 30 ans il crée son propre cabinet de consulting pour les entreprises. A côté de ça, il passe le concours national pour devenir Conseiller d’Orientation Psychologue (COP), finit par l’avoir et devient COP. A plus de 40 ans, il éprouve un grand sentiment “d’inachevé” et décide de s’inscrire en thèse pour préparer un doctorat en Psychologie qu’il obtient en 2007. A côté de ça, il donne ponctuellement des cours à la fac et dans un centre de formation professionnelle dont il dirige la section Psychologie du Travail. Aujourd’hui, en plus de tout ça, il est directeur du Centre d’Orientation et d’Information (CIO) où il avait commencé en tant que conseiller.

Comment se fait-il qu’un ingénieur baisse les bras et accepte sa situation d’ouvrier, et qu’un ouvrier du bâtiment se rebelle contre lui-même, se prend en charge, devient docteur en Psychologie, enseignant à la fac, chef d’entreprise, formateur professionnel, conseiller d’orientation en dirigeant deux institutions ???????????????

Pourquoi je vous raconte ces deux exemples ? pour vous montrer qu’il y a bien deux schémas de vie :

  1. Le schéma “A”,  celui où l’individu est passif, il subit sa vie, il est à la merci des évènements et des circonstances, si les évènements lui sont favorables ouffff tant mieux, s’ils lui sont défavorables ce n’est pas de sa faute, ce sont les évènements de la vie qui sont en tord.
  2. Le schéma “B”, celui où l’individu est acteur de sa vie, il ne la subit pas, il compose avec les évènements et les circonstances, s’ils lui sont favorables il cherchera à les exploiter et à en tirer le maximum de profit, s’ils lui sont défavorables il s’y adaptera, contournera les difficultés et transformera les obstacles en tremplin.

Ce qui est valable ici dans un cadre plutôt professionnel, l’est également dans l’ensemble de notre vie, il y a des gens “A” et des gens “B”.

Quand on veut on peut, on a juste, parfois, besoin d’un coup de pouce extérieur pour enclencher le changement.

Ceux qui réussissent ne sont pas forcément plus intelligents que ceux qui échouent, ils ont juste envie de réussir, cette envie devient un désir ardent qui, tel un feu, brûle l’individu de l’intérieur. Ce feu ne peut être éteint que par une seule chose : la réussite.

C’est dans ce sens que Omar ibn abdelaziz rahimahoullah a dit sa célèbre phrase :

J’ai une âme désireuse, et je n’ai jamais obtenu une chose sans qu’elle [mon âme]ne désire ce qu’il y a de meilleur, mon âme désira ma cousine Fatima bent Abdelmalik en mariage, je finis par l’épouser ; puis mon âme désira l’émirat, il finit par m’être confié ; puis mon âme désira le califat, je finis par l’obtenir ; et aujourd’hui mon âme désire le paradis, j’espère être compté parmi ses habitants.

Et vous, avez-vous le désir de réussir ce que vous entreprenez ? à quelle intensité ?

Vous aspirez à quel schéma de vie ? le schéma “A” où vous subissez les évènements de votre vie ? ou alors le schéma “B” où vous êtes acteur de votre vie ?

Lequel des exemples vous inspire le plus ? celui de l’ingénieur qui finit ouvrier ?

Ou celui de l’ouvrier en bâtiment qui finit docteur en Psychologie et chef d’entreprise ?

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12 commentaires

  1. Dans les cas comme ça,je me dis souvent que la force de caractère joue un grand rôle.
    Quelqu’un qui s’est fixé le but de reussir dans un domaine en ayant à la fois un objectif a atteindre et un intêret ,se donnera à fond. Les obstacles,il connait pas et veut pas en entendre parler.

    Et de l’autre côté,on peut se dire que ceux qui baissent les bras n’avaient peut-être pas spécialement une ambition qui était à la hauteur des études qu’ils ont entreprit.
    Beaucoup de capacité,beaucoup de talent mais pas l’envie de s’en servir.

  2. Salam A’leykom, c’est bien d’opposer exemple et contre exemple. Quand on est dans une dite situation, on a tendance à ne voir que celle-ci. Et à trouver des responsables extérieurs ( la situation, les enfants, la femme….) sans prendre le temps de se dire que la situation pourrait etre différente, de mettre le projecteur sur soi et de faire un bilan sur sa dite situation, ses envies, ses déceptions….. Se fixer de nouveaux objectifs, c’est trés rare qu’on le fasse. Pourquoi? Ca rejoint l’autre article sur l’ihsane, peut-etre par passivité….En tout cas cet article nous permet déjà de prendre le temps de réfléchir sur soi et de situer dans quel shéma nous sommes. Mais pour cela il faut également se connaitre, avoir conscience des ressources que nous possédons. La société actuelle nous a tellement brimé ou cantonné dans des cases, que le manque de confiance en soi à pris le dessus.

  3. Il faut dire aussi que c’est très franco-français d’être dans une case professionnellement parlant et de ne pas en sortir !
    En France, j’ai l’impression que c’est mal vue de reprendre ses études à l’âge “adulte”, ça rime systématiquement avec échec.

    En gros, si une personne reprend ces études c’est qu’avant elle a fait n’importe quoi, ça peut être vrai certes mais pas que…
    On peut se retrouver à vouloir faire autres choses… on évolue en tant qu’individu, on peut forcément vouloir faire évoluer nos carrières professionnelles… on peut s’être trompé et revenir à des choix plus ‘volontaires’ en accord avec nous-même… sans pour autant que cela soit un échec soubhannelah mais plutôt un retour.

    Aux Etats Unis, des “adultes” (quarantenaires) reprennent un cursus universitaire aisément, en France ça reste très marginal.

    Wa Allah oualem.

    Qu’Allah azawajal nous donne la force d’outre passer toutes ces “normes” et d’atteindre nos objectifs dans la mesure où ils sont un bien fait pour nous et/ou notre communauté.

    Bien évidemment je ne dis pas que c’est à cause de cela que nous sommes si peu enclin à … je pointe seulement à mes yeux un trait de cette société.

  4. Ce qu’il y a, c’est qu’officiellement la France prêche la formation tout au long de la vie, mais concrètement cela reste très difficile de le concrétiser, des choses vraiment toutes simples, par exemple, en France si t’as plus de 26 ans tu perds presque tous les avantages étudiants même si tu es étudiant lol, les cours sont rarement disponibles pour les étudiants salariés etc etc

    Du coup, la porte de la reprise des études reste malheureusement bien fermée et il faut une sacré dose de motivation, une sacré dose d’ambition et de confiance en soi pour défier une société qui n’encourage pas les études arrivé à un certain âge. Mais on y arrive al hamdoulillah 😉

  5. Salam alaykom

    Les études à distance sont une solution pour les personnes qui ne peuvent pas arrêter de travailler. Avec une vraie motivation et un projet dont on est convaincu, c’ets une option à ne pas négliger.

  6. @Jihane : certes, mais il y a deux soucis principaux à mon sens :
    1. Tout n’est pas accessible à distance
    2. L’éducation et l’instruction reçues jusque là, ne préparent pas de la meilleure manière à l’autonomie, du coup, la personne doit “se débrouiller” seule pour trouver des ressources motivationnelles.


  7. Sami:

    @Jihane : certes, mais il y a deux soucis principaux à mon sens :
    1. Tout n’est pas accessible à distance
    2. L’éducation et l’instruction reçues jusque là, ne préparent pas de la meilleure manière à l’autonomie, du coup, la personne doit « se débrouiller » seule pour trouver des ressources motivationnelles.

    ouhhh, ça sent un prochain article sur “comment trouver la motivation ? ” 🙂

    dans tous les cas, faut être réaliste dans nos projets mais j’ai pu constater que souvent lorsqu’on est motivé par qqchose et qu’on agit, ne serait-ce que quelques pas, dans cette voie, les portes finissent par s’ouvrir wal hamdouliLlah.

  8. Selem alekoum , barakllahou fikoum

    cet article m’a fais réfléchir al hamdolileh que toi et ton épouse soyez récompensés

    je te contacterais sur FB inshAllah j’ai des questions 🙂


  9. Malik:

    Selem alekoum , barakllahou fikoum
    cet article m’a fais réfléchir al hamdolileh que toi et ton épouse soyez récompensés
    je te contacterais sur FB inshAllah j’ai des questions

    wa 3alaykoum assalam mon frère Malik

    Et de toi même inchaAllah.

    Dans l’attente de tes questions 🙂

  10. Assalam aleykoum! BarakaAllahou fikoum. Bien évidemment , je pense que l’on doit tous être des personnes “type B”, car il est préférable d’être acteur de sa vie plutôt que passif et de subir les événements. De mon côté, j’ai toujours été “active” et j’ai fais des choix réfléchis lors de mon orientation. Seulement comment expliquez-vous que l’environnement et notre vécu lors de l’ enfance à une grande influence sur nos choix. J’ai donc analysé ma personne et je me suis rendu compte, que j’avais fais des choix inconscients tout en étant consciente de ce que je faisais. Après 3 ans d’acharnement à vouloir réusssir et aller jusqu’au bout de la formation, j’étais épuisée et j’ai arété. Je me pose donc la question de savoir sur quels critères pouvoir être certain de s’appuyer pour bien définir son orientation. Je suis encore en train de chercher mon orientation à 24 ans.
    Jazak Allahou kheyran.

  11. Salam alaykoum,
    les formations à distance ne règlent pas tout.
    J’ai choisi de préparer un examen en un an via le cned mais trop cher,j’ai racheté moins cher des cours de l’année passé à qq et ………………..je stress!!!
    Pourquoi? parce que je me connais et j’ai besoin d’etre encadrée,parce que je n’arrive pas à m’organiser,car je n’arrive pas a etre “active” et du coup j’espère et je reste inactive!
    L’examen est pour juin et je n’ai encore rien fais.

    J’ai besoin d’aller à la bibliothèque pour réviser car chez moi je suis génée par la tv et internet mais qd je sors,je suis bloquée par rapport aux salat car il n’ya pas de mosquées près de la bibliothèque et impossible de trouver un coin calme où se cacher pr les faire.

    Que faire???merci

  12. assalamou ‘alaykoum

    j’ai vraiment envie d’etre cet ouvrier qui prend sa vie en main, mon souci c’est que je n’arrive pas à trouver la voie, le domaine d’activité dans lequel me lancer des tas de choses mes passionne mais l’islam en premier, la psychologie, la nature, l’education….
    j’oscille de l’un a l’autre de ses domaines en fonctions des gens ue je rencontre ou des personnes qui se présentent a moi du coup je subi totalement. j’aimerai pouvoir me dire oui c’est dans ca que je me lance avec certitude!!! j’ai pas trouvé pour l’instant

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